evidence based practice

Fascias et neuropathies

Stecco A. et al. Fascial entrapment neuropathy. Clinical Anatomy 2019, 32(7):883-890.

Neuropathies par enclavement fascial.

Les neuropathies de piégeage sont des conditions cliniques débilitantes, qui engendrent une morbidité importante au niveau de l’appareil locomoteur en termes de douleur, de perturbations sensorielles, et de faiblesse musculaire. Elles constituent un défi tant diagnostique que thérapeutique.
Les blocages pouvant avoir des origines multiples, une mauvaise appréhension de l'anatomie lors de l'examen peut conduire à un diagnostic erroné et à un traitement inadéquat.
En analysant leur anatomie, cet article met en exergue le rôle important que peuvent jouer les fascias dans ce syndrome.
Les structures neurales possèdent un microenvironnement spécifique, constitué de tissus conjonctifs tels que le fascia profond, les septums intermusculaires, l'épinèvre et le périnèvre. Les modifications de ces interfaces mécaniques peuvent se traduire par une perturbation de la mobilité du nerf, avec pour conséquence, une diminution de sa relative indépendance par rapport aux structures environnantes. Cette situation entraîne la constitution de points de fixation et de "lésions d'étirement intraneural". Les enclavements des nerfs décrits dans cet article soulignent l'importance du tissu conjonctif dans la génération de symptômes, dont l’origine peut être confondue avec des conditions cliniques plus courantes, comme des syndromes ou des dysfonctions musculo-squelettiques. 
Les auteurs concluent que les origines fasciales des piégeages neuraux doivent être considérées comme un facteur important et doivent être prises en compte lors du diagnostic différentiel.

Neurofascias - piégeage - fascia profond - lésion d'étirement intraneural


Syndrome croisé supérieur

 



Nitayarak H., Charntaraviroj P. Effects of scapular stabilization exercises on posture and muscle imbalances in women with upper crossed syndrome: A randomized controlled trial. Journal of Back and Musculoskeletal Rehabilitation 2021, 34(6):1031-1040.

Effets des exercices de stabilisation scapulaire sur la posture et les déséquilibres musculaires chez les femmes souffrant d'un syndrome croisé supérieur : Un essai contrôlé randomisé.

Les exercices de stabilisation scapulaire semblent améliorer la posture d'enroulement des épaules vers l'avant chez les jeunes femmes. Cependant, les protocoles d'exercices dont les effets seraient optimaux sur les postures du cou et des épaules, le déséquilibre des muscles scapulaires et la cyphose thoracique, ne sont toujours pas clairs. L'étude examine les effets des exercices de stabilisation scapulaire sur les postures du cou et des épaules et la cyphose thoracique chez les jeunes femmes souffrant du syndrome croisé supérieur.
Trente-neuf patientes âgées de 18 à 25 ans souffrant du syndrome du croisé supérieur sont inclues dans l'essais. Les participantes ont été réparties au hasard en deux groupes. Le premier groupe a effectué des exercices de stabilisation scapulaire à l'aide de bandes élastiques à raison de 10 répétitions par série, 3 séries par jour, et 3 jours par semaine pendant 4 semaines. Le groupe témoin n'a effectué aucun exercice pendant la période expérimentale.
Dans le premier groupe des augmentations significatives de l'angle cervical et de l'angle de l'épaule, de la longueur du muscle petit pectoral et de la force des muscles scapulaires ont été mesurées, ce qui n'était pas le cas dans le groupe témoin. Cette étude indique que les exercices de stabilisation scapulaire peuvent améliorer la posture de la tête et des épaules, augmenter la souplesse du petit pectoral et renforcer les muscles scapulaires.

Le syndrome croisé supérieur se définit comme un déséquilibre musculaire dans la région de la tête et des épaules. On l'observe le plus souvent chez les personnes qui réalisent un travail de bureau ou passent la majeure partie de la journée en position assise dans une mauvaise posture. Le concept du syndrome croisé supérieur (Upper crossed syndrome - UCS) a été développé par le docteur Vladimir Janda dans les années 80. Selon lui, il peut être observé chez les sujets présentant  une posture en protraction de la tête, une hyperlordose cervicale, une hypercyphose dorsale, une élévation et une protraction des épaules ainsi qu'une abduction des scapulas.

Les muscles affaiblis :
  • Rhomboïdes
  • Trapèze inférieur
  • Dentelé antérieur
  • Rotateurs de la coiffe postérieure
  • Fléchisseurs profonds du cou
  • Supra- et infrahyoïdiens
 Les muscles tendus :
  • Suboccipitaux
  • Trapèze supérieur
  • Élévateur de la scapula
  • SCOM
  • Pectoraux
  • Scalènes
Ces changements posturaux entrainent ainsi un déséquilibre des muscles de la tête et de la ceinture scapulaire et sont fréquemment associés à des céphalées, des tensions mandibulaires, un syndrome du muscle trapèze, un syndrome de compression subacromial, un syndrome du défilé thoracique... et au développement des syndromes myofasciaux douloureux.
 


Douleur faciale chronique



Gerwin R. Chronic Facial Pain: Trigeminal Neuralgia, Persistent Idiopathic Facial Pain, and Myofascial Pain Syndrome - An Evidence-Based Narrative Review and Etiological Hypothesis. International Journal of Environmental Research and Public Health 2020, 17(19):7012-20 pages.

Douleur faciale chronique : névralgie du nerf trijumeau, douleur faciale idiopathique chronique et syndrome myofascial douloureux - Examen narratif fondé sur des données probantes et hypothèses étiologiques.

L'auteur analyse dans une étude narrative, les hypothèses étiologiques de la facialgie idiopathique chronique (FIC), qui dans certains cas peut être confondue avec une douleur trigéminale. Alors que les prises en charge de la névralgie du nerf trijumeau sont bien protocolées, ce n'est pas le cas pour la facialalgie idiopathique chronique. Le syndrome myofascial douloureux des muscles de la tête et du cou pourrait être à l'origine de ce syndrome. Robert Gerwin souligne que dans ce cas une approche thérapeutique spécifique serait appropriée. Il évoque des cas où la symptomatologie du nerf trijumeau et celle attribuée à la facialalgie idiopathique chronique se confondraient sur certains aspects. Remarquons que certaines tensions musculaires associées à la présence de points trigger myofasciaux peuvent être à l'origine d'une souffrance neurale, il s'agit d'un «syndrome canalaire», c'est ainsi que le nerf mandibulaire (V3) et ses branches peuvent être comprimées par les muscles ptérygoïdiens.

Anatomie et physiologie du nerf mandibulaire
Le nerf mandibulaire est issu de la réunion de deux racines : une racine sensitive, qui est issue du bord antérolatéral du ganglion trigéminal, et une racine motrice. Ces deux racines fusionnent au niveau du foramen oval de l'os sphénoïde qu'elles traversent. Dans la fosse infra-temporale, juste en dessous du foramen, le nerf mandibulaire donne naissance à une branche méningée récurrente puis après un court trajet se divise en deux troncs, l'un antérieur et l'autre postérieur, qui se divisent à leur tour.

Le tronc antérieur du nerf mandibulaire se divise en 3 branches :
  • le nerf buccal ;
  • le nerf temporal profond pour le muscle temporal ;
  • le nerf massétérique pour le muscle masséter.
Le tronc postérieur du nerf mandibulaire se divise en 4 branches :
  • le tronc commun des nerfs des muscles ptérygoïdiens, tenseur du voile du palais et tenseur du tympan ;
  • le nerf auriculo-temporal ;
  • le nerf alvéolaire inférieur ;
  • le nerf lingual.
Le nerf mandibulaire est responsable de l'innervation sensitive :
  • la peau de la tempe, de la joue, de la lèvre inférieure et du menton ;
  • la muqueuse de la cavité buccale au niveau de la face médiale de la joue, des gencives, de la lèvre inférieure, de la région antérieure de la langue ;
  • les dents inférieures ;
  • les bourgeons gustatifs de la partie antérieure de la langue pour participer à la sensibilité gustative (neurones issus du nerf facial) ;
  • les méninges de la fosse cérébrale moyenne.
Le nerf mandibulaire est responsable de l'innervation motrice :
  • des muscles manducateurs : masséter, temporal, ptérygoïdiens médial et latéral ;
  • d'autres muscles : tenseur du voile du palais, tenseur du tympan, mylo-hyoïdien et ventre antérieur du muscle digastrique.
Le nerf mandibulaire participe également à l'innervation autonome des glandes salivaires : la parotide d'une part (neurones issus du nerf glossopharyngien), et la submandibulaire et la sublinguale d'autre part (neurones issus du nerf facial).









Neuropathies des nerfs crâniens


Moya M. et al. Cranial nerve disorders : clinical manifestations and topography. Radiologia (Engl Ed) 2019, 61(2):99-123.
Neuropathies des nerfs crâniens : manifestations cliniques et topographie.
La recherche des dysfonctions des douze paires de nerfs crâniens représente un défi important pour les thérapeutes manuels. Outre la connaissance détaillée de l'anatomie et des entités pathologiques, qui peuvent potentiellement affecter les nerfs crâniens, ainsi que l'évaluation des patient par imagerie, les nerfs crâniens nécessitent des protocoles d'examen. Cet article passe en revue les syndromes et les symptômes les plus courants liés aux nerfs crâniens et pouvant nécessiter des examens par imagerie médicale, et présente un bref aperçu de l'anatomie, des processus étiologiques les plus courants et des examens d'imagerie appropriés liés à différentes indications.

NC I - Nerfs olfactifs - Sensoriels

Anosmie, hyposmie, hyperosmie, parosmie, cacosmie et fantosmie

NC II - Nerf optique - Sensoriel
Baisse de la vision, modification de la vision des couleurs, des contrastes et de la perception des mouvements
NC III - Nerf oculo-moteur - Moteur
Diplopie, oscillopsie, ptose et mydriase
NC IV - Nerf trochléaire - Moteur
Difficulté à déplacer le globe oculaire vers le bas, diplopie verticale
NC V - Nerf trijumeau - Mixte
Anesthésie, douleur ou brûlure dans les régions alimentées par chaque branche du nerf trijumeau, absence du réflexe cornéen (nerf nasociliaire) et faiblesse des muscles masticateurs (nerf mandibulaire)
NC VI - Nerf abducens - Moteur
Diplopie horizontale
NC VII - Nerf facial - Mixte
Paralysie faciale : atonie des muscles faciaux du même côté du nerf affecté avec difficulté d'expression faciale, douleur autour de la mâchoire ou derrière l'oreille, sensibilité accrue au son, diminution du goût, céphalées et changements de la salivation et de la production de larmes, spasme hémifacial : contraction unilatérale, involontaire, paroxystique et répétée des muscles innervés par le nerf facial
NC VIII - Nerf vestibulo-cochléaire - Sensoriel
Perte auditive, sensation de pression autour de l'oreille, acouphènes, épisodes transitoires de vertiges paroxystique et troubles de la marche
NC IX - Nerf glosso-pharyngien - Mixte
Douleur paroxystique à l'arrière de la langue, au niveau de la fosse amygdalienne, du pharynx, au niveau de l'angle de la mandibule et/ou de l'oreille
NC X - Nerf vague - Mixte
Dysphonie et dysphagie
NC XI - Nerf accessoire - Moteur
Abaissement de la ceinture scapulaire affectée et faiblesse du soutien de la tête
NC XII - Nerf hypoglosse - Moteur
Perte de volume de la langue, réduction du nombre de papilles et déviation de la langue vers le côté atteint

Nous publierons des tableaux, qui résument l'anatomie, la physiologie et la sémiologie clinique des nerfs crâniens, dans notre troisième livre sur les syndromes neurogènes douloureux : neuropathies de la tête, du tronc et du bassin.

Questionnaire DN4

Diagnostic et  causes principales des douleurs neuropathiques
Michel Lantéri-Minet
  • Le diagnostic de la douleur neuropathique est exclusivement clinique.
  • La douleur neuropathique est localisée selon une topographie en relation avec la structure nerveuse lésée.
  • La douleur neuropathique peut s´exprimer cliniquement par une composante douloureuse spontanée et/ou une composante douloureuse paroxystique.
  • Le dépistage de la douleur neuropathique peut être facilité par des questionnaires comme le questionnaire DN4.
L'aspect clinique caractéristique des douleurs neuropathiques a permis l'élaboration d'un outil de dépistage diagnostique, le questionnaire DN4 a été élaboré et validé (Bouhassira D. et al. 2005). Ce questionnaire est constitué de 4 questions (2 portant sur les données de l’interrogatoire du patient et 2 portant sur les données de l'examen clinique). Celles-ci permettent de rechercher la présence de 10 des caractéristiques de la douleur neuropathique. La présence d’une de ces caractéristiques valant un point, le score global peut varier de 0 à 10 points. En considérant une valeur seuil de 4 pour le score global, le questionnaire DN4 permet d'établir un diagnostic de douleur neuropathique avec une sensibilité de 82,9 % et une spécificité de 89,9 %, ce qui est excellent pour un tel outil.
Examen subjectif du patient - réponse oui ou non
Question 1 : La douleur présente-t-elle une ou plusieurs des caractéristiques suivantes?
1. Brûlure
2. Sensation de froid douloureux
3. Décharges électriques
Question 2 : La douleur est-elle associée dans la même région à un ou à plusieurs des symptômes suivants?
4. Fourmillements
5. Picotements
6. Engourdissement
7. Démangeaisons
Examen physique du patient - réponse oui ou non
Question 3 : La douleur est-elle localisée dans un territoire ou l’examen met en évidence?
8. Hypoesthésie au tact léger
9. Hypoesthésie à la piqûre
Question 4 : La douleur est-elle provoquée ou augmentée par :
10. Le frottement

Durée de l´étirement en cas de SMD


Mansoori et al. Optimal duration of stretching exercise in patients with chronic myofascial pain syndrome: A randomized controlled trial. Journal of Rehabilitation Medicine 2021, 53(1):8 pages

Durée optimale des exercices d'étirement chez les patients atteints du syndrome myofascial douloureux chronique : Un essai contrôlé randomisé

Les auteurs de l'article explorent l'effet d'étirements des muscles trapèze supérieur et élévateur de la scapula, de durées variables, sur la fonction neurale, la douleur et le seuil douloureux à la pression chez des patients atteints d'un syndrome myofascial douloureux chronique, et présentant un point trigger myofascial actif au niveau du muscle trapèze supérieur. Les résultats montrent qu'une durée de 30 secondes est le temps optimal permettant l'obtention des bénéfices de l'étirement en minimisant les effets négatifs sur la fonction neurale des racines nerveuses impliquées et du système nerveux central. Même si l'étirement de 60 secondes permet une amélioration de la douleur, un effet négatif sur la fonction neurale lui est associé. L'étirement de 15 secondes ne semble quant à lui pas significativement plus efficace que pas d'étirement.


Examen des nerfs crâniens


Taylor A. et al. A guide to cranial nerve testing for musculoskeletal clinicians. 
The Journal of Manual & Manipulative Therapy 2021,14 pages

Un guide de tests des nerfs crâniens pour les cliniciens de l'appareil locomoteur

L'examen neurologique en cas de dysfonctions musculo-squelettiques constitue une étape importante au service d´une pratique clinique orthopédique sécurisée et appropriée. Il est essentiel que les praticiens qui traitent des patients présentant des douleurs cervicales, crâniennes ou faciales, puissent identifier la présence d´une dysfonction d´un ou de plusieurs nerfs crâniens (NC). Ils doivent tester les nerfs crâniens en ce basant sur leurs fonctions et prendre les décisions cliniques en fonction de leur examen. 
Cet article illustre le fait que l'examen des nerfs crâniens peut être réalisé rapidement, efficacement et sans équipement compliqué.

NC I - Nerfs olfactifs - Sensoriels
Olfaction
NC II - Nerf optique - Sensoriel
Vision (acuité et champ visuel)
NC III - Nerf oculo-moteur - Moteur
Mouvements du globe oculaire, élévation de la paupière, taille de la pupille et réactivité à la lumière
NC IV - Nerf trochléaire - Moteur
Mouvements du globe oculaire - vertical et adduction
NC V - Nerf trijumeau - Mixte
Mastication, sensibilité du visage, sensibilité de la bouche et réflexe cornéen
NC VI - Nerf abducens - Moteur
Mouvement du globe oculaire - abduction
NC VII - Nerf facial - Mixte
Expression faciale (mimique), fermeture des paupières et des lèvres, sécrétions lacrymale et salivaire, goût, sensibilité d'une partie de l'oreille externe et réflexe cornéen
NC VIII - Nerf vestibulo-cochléaire - Sensoriel
Audition et équilibre
NC IX - Nerf glosso-pharyngien - Mixte
Bâillement, déglutition et goût
NC X - Nerf vague - Mixte
Bâillement, déglutition et phonation
NC XI - Nerf accessoire - Moteur
Mouvements de la tête, du cou et de la ceinture scapulaire
NC XII - Nerf hypoglosse - Moteur
Mouvements de la langue (mastication et déglutition), phonation et goût

Nous publierons des tableaux, qui résument l'anatomie, la physiologie et la sémiologie clinique des nerfs crâniens, dans notre troisième livre sur les syndromes neurogènes douloureux : neuropathies de la tête, du tronc et du bassin.



Glissement et tension du nerf ischiatique



Ellis R. et al. Assessing Sciatic Nerve Excursion and Strain with Ultrasound Imaging during Forward Bending. Ultrasound in Medicine & Biology 2021, 47(9):2560-2569

Évaluation du glissement et de la tension du nerf ischiatique par échographie au cours de la flexion du tronc

Le système nerveux périphérique doit s'adapter aux contraintes endogènes et exogènes que lui imposent les postures et les activités quotidiennes. Pour ce faire, le nerf périphérique doit se déplacer par rapport à ses interfaces mécaniques et résister aux différentes mises en tension. Suite à une lésion, la mobilité et/ou la visco-élasticité du nerf peuvent changer. Par exemple, une diminution de les glissements des racines nerveuses lombosacrées adhérentes a été constatée chez certains patients souffrant d'une hernie discale intervertébrale ou ayant subi une chirurgie lombale. Il est possible qu'une limitation de la mobilité d'une structure nerveuse s'accompagne d'une augmentation relative de la tension du nerf. Ensemble ces conditions peuvent engendrer une augmentation de la mécanosensibilité du système nerveux.
La flexion du tronc est un mouvement important utilisé dans de nombreuses activités de la vie quotidienne et dans l'évaluation clinique des troubles lombosacrés affectant le mouvement des nerfs périphériques. Bien que deux études in vivo aient examiné l'excursion du nerf tibial pendant la flexion du tronc, à ce jour aucune étude in vivo n'a quantifié simultanément l'excursion et la déformation du nerf ischiatique au cours de mouvements fonctionnels, tels que la flexion du tronc. Des études antérieures montraient que la flexion de la hanche entraîne un glissement proximal du nerf ischiatique, tandis que la flexion lombale entraîne une excursion proximale des nerfs ischiatique et tibial. 
L'objectif de cette étude est d'évaluer la fiabilité de l'imagerie par ultrasons pour mesurer l'excursion et la tension du nerf ischiatique pendant les mouvements de flexion du tronc. Les objectifs secondaires sont de quantifier l'excursion et la tension du nerf ischiatique pendant les mouvements de flexion du tronc et d'évaluer la relation entre l'excursion du nerf ischiatique et les mouvements de la hanche et de la colonne lombale.
La fiabilité de la mesure de l’excursion du nerf ischiatique se révèle élevée à excellente, tandis que celle de la mesure de la tension du nerf ischiatique est modérée. Il n’y a pas de différence significative d’excursion ni de tension nerveuse entre les flexions bras croisés et bras pendants. Plus la flexion de hanche est élevée, plus l’excursion du nerf ischiatique est importante.
Cette étude permet d'approfondir les connaissances sur le glissement et la tension du nerf ischiatique pendant les mouvements de flexion du tronc, ce qui constitue une base pour de futures études cliniques sur l'utilisation de l'ultrasonographie et la biomécanique du nerf ischiatique. Ces résultats peuvent également aider les cliniciens dans l'évaluation et la planification du traitement des neuropathies périphériques.

Classification des douleurs chroniques post-partum


Cardaillac C. et al. Description and classification of postpartum chronic pain: A multicentric prospective study. Journal of Gynecology Obstetrics and Human Reproduction 2020, 49(9):101769.

Description et classification des douleurs chroniques du post-partum : Une étude prospective multicentrique.

40 femmes ayant consulté un algologue ou un gynécologue dans un centre français spécialisé, pour une douleur pelvi-périnéale chronique liée à l'accouchement, sont incluses dans cette étude observationnelle prospectiveAu cours d'entretiens semi-dirigés, un questionnaire concernant les facteurs sociodémographiques et contenant des questions détaillées sur la douleur a permit le recueil d'informations . Ensuite, les douleurs pelviennes et périnéales ont été classées en sept syndromes douloureux : sensibilisation pelvienne (critères Convergences PP), syndrome de douleur régionale complexe (critères de Budapest), névralgie pudendale ou cluniale (critères de Nantes), névrome, syndrome de la jonction thoraco-lombaire, douleur myofasciale (points trigger myofasciaux), fibromyalgie (critères de l'American College of Rheumatology). L'objectif principal de cette étude est d'évaluer la prévalence de chaque trouble douloureux. Les objectifs secondaires sont la description des facteurs socio-démographiques et des caractéristiques cliniques de cette population, l'identification des symptômes associés et l'impact sur la fonction quotidienne de la douleur chronique pelvi-périnéale du post-partum.
78% des patientes ont ressenti des douleurs pendant plus de 12 mois. Une grande majorité d'entre elles a eu un accouchement par voie vaginale (95%) avec suture périnéale (90%) et une douleur aiguë sévère dans la première semaine du post-partum (62%). La douleur post-partum a eu un impact sur l'activité sexuelle des participantes (80 %), la miction (28%) et l'exonération (38%). Dans l'échantillon, 17 cas de névrome, 6 patientes atteintes de névralgie pudendale ou cluniale, 13 patientes atteintes de sensibilisation pelvienne et 2 cas de fibromyalgie ont été identifiés. Un syndrome de douleur régionale complexe a été diagnostiqué chez 8 patientes, et des douleurs myofasciales chez 11 femmes, une seule patiente présentait un syndrome de la jonction thoraco-lombaire. Une douleur neuropathique a été trouvée chez 31 participantes (77,5%) selon les critères DN4 (questionnaire de la douleur neuropathique).
La classification proposée dans cette étude peut être un outil très utile pour étudier les douleurs pelvi-périnéales du post-partum, et  proposer aux patientes un traitement spécifique.