evidence based practice

Douleur myofasciale cervicale

Ginszt M. et al. Cervical Myofascial Pain Is Associated with an Imbalance of Masticatory Muscle Activity. International Journal of Environmental Research and Public Health 2022, 19(3):1577-11 pages.
La douleur myofasciale cervicale est associée à un déséquilibre de l'activité des muscles masticateurs.
La douleur myofasciale est due à un trouble musculo-squelettique qui provoque une douleur dans la zone d'un muscle et d'un fascia. La douleur peut être associée à de multiples points trigger myofasciaux (PTrM), définis comme des points sensibles exquis localisé au sein d'un cordon musculaire ou d'une aponévrose, qui engendrent une douleur locale et une douleur référée. Les points trigger se présentent sous deux états différents, ils sont actifs ou latents. Les PTrM latents peuvent s'activer en présence de stimuli mécaniques ou chimiques nuisibles continus. Les étiologies les plus fréquentes des PTrM sont les traumatismes directs, les mouvements d'étirement non programmés du muscle, les blessures chroniques, ainsi que la surcharge du système musculaire. Le mécanisme potentiel de provocation ou d'activation des PTrM est l'ischémie locale, qui entraîne une baisse du pH et la libération  de plusieurs médiateurs inflammatoires dans le tissu musculaire. Les PTrM actifs et latents sont associés à un dysfonctionnement du système myofascial, à une faiblesse musculaire, à une réduction de l'amplitude des mouvements et à des symptômes liés au système nerveux autonome, tels qu'une transpiration excessive, des déchirures et des changements de température cutanée. Cependant, dans le cas des PTrM latents, la manifestation clinique est nettement plus faible. Les PTrM actifs sont associés à une douleur spontanée dans les tissus environnants ou dans des sites distants (douleur référée). Les PTrM latents, quant à eux ne sont pas associés à une plainte douloureuse spontanée. Il convient de noter que les PTrM actifs et latents s'accompagnent également de changements dans l'activité musculaire, non seulement dans le muscle où se trouvent les PTrM mais aussi dans les muscles antagonistes. La présence de PTrM peut se manifester par une augmentation de l'activité musculaire de repos et une diminution de l'amplitude du signal électromyographique au cours de la contraction musculaire. Selon les critères diagnostiques de Travell et Simons, l'examen manuel par palpation (cordon myalgique, nodule sensible en son sein où le seuil douloureux à la pression est abaissé, douleur référée comparable ou connue du patient et réaction de secousse musculaire localisée à la stimulation du nodule) constitue la norme actuelle pour le diagnostic des PTrM. Selon une revue systématique actualisée, la sensibilité ponctuelle (point/nodule hypersensible dans une bande tendue), la douleur référée et la réaction de secousse musculaire localisée sont les trois critères les plus courants.
Une explication possible de la douleur référée est l'augmentation de l'efficacité synaptique, par l'activation de synapses inactives au niveau de la corne postérieure de la moelle, ce qui correspond à la sensibilisation centrale. Les PTrM actifs stimulent les nocicepteurs musculaires qui, en cas de stimulation nocive prolongée, déclenchent des changements moteurs et sensitifs dans les systèmes nerveux périphérique et central. La douleur référée des PTrM des muscles cervicaux, par exemple le trapèze supérieur, se propage vers la tête, simulant les symptômes perçus par les patients souffrant de troubles temporomandibulaires. Plus précisément, les PTrM actifs dans le muscle trapèze supérieur peuvent être responsables du développement de la douleur d'un muscle masticateur. De plus, les PTrM actifs dans le muscle trapèze supérieur sont également liés aux épisodes de céphalées de type tension. Des études électromyographiques ont également révélé la modification de la distribution de l'activité des muscles masticateurs chez les personnes souffrant de douleurs cervicales.
La fonction masticatoire nécessite des interactions synergiques entre les os des mâchoires, les articulations temporomandibulaires, les dents et les muscles masticateurs. Plusieurs études ont indiqué qu'un déséquilibre de l'activité des muscles masticateurs est observé chez les sujets présentant des conditions pathologiques ou anormales (par exemple, PTM, malocclusion). L'indice d'asymétrie (IAs) a été mis au point pour indiquer l'équilibre de l'activité électromyographique des muscles masticateurs des côtés droit et gauche. Le rapport de symétrie de l'électromyographie de surface (EMGs) entre le côté droit et le côté gauche peut suggérer des troubles structurels ou fonctionnels au sein du système stomatognathique. À ce jour, plusieurs études ont utilisé l'IAs pour évaluer l'activité des muscles masticateurs chez des personnes présentant des symptômes cliniques de troubles mandibulaires, dans différentes classes occlusales et squelettiques, pendant des traitements orthodontiques et au sein de la population saine. Une compréhension approfondie des mécanismes de la douleur référée induite dans les muscles masticateurs à partir de PTrM actifs dans les muscles de la colonne cervicale peut être importante pour une compréhension plus précise de l'étiologie et du développement de troubles tels que les céphalées de tension et les douleurs des muscles masticateurs. Cette étude a pour objectif d'évaluer la relation entre l'apparition de douleurs myofasciales associées à des PTrM actifs dans le muscle trapèze supérieur et l'indice d'asymétrie des muscles masticateurs.
Les PTrM dans le muscle trapèze peuvent être liés à l'asymétrie de l'activité des muscles masticateurs, ce qui suggère que la présence de douleurs myofasciales dans le muscle trapèze joue un rôle dans le déséquilibre du système stomatognathique. Un PTrM actif unilatéral dans le muscle trapèze peut augmenter l'activité EMG du même côté dans les muscles temporal antérieur et masséter.
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ATM ; muscles cervicaux ; DAM ; SADAM ; douleur référée.

Neuropathie nerf ilio-inguinal

Elsakka K. et al. Ilioinguinal Neuralgia In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing 2022.
Neuropathie du nerf ilio-inguinal.
La neuropathie du nerf ilio-inguinal est une cause fréquente de douleurs du bas-ventre et du haut de la cuisse. Le nerf ilio-inguinal est un nerf mixte, issu des branches antérieures des racines nerveuses T12 et L1. Il émerge près du bord latéral du muscle grand psoas et se dirige distalement à travers la paroi abdominale antérieure, il reste subpéritonéal et antérieur au muscle carré des lombes, jusqu'à ce qu'il atteigne la crête iliaque. Il traverse ensuite, les muscles transverse de l'abdomen et  oblique interne. Il devient superficiel en traversant l'anneau inguinal superficiel en avant du cordon spermatique. Il assure l'innervation motrice des muscles transverse de l'abdomen et oblique interne. Il véhicule également des informations sensitives provenant de la surface antérieure du scrotum et de la racine du pénis chez l'homme ou des grandes lèvres et du mont pubien chez la femme, ainsi que d'une petite zone cutanée de la partie supérieure et antéro-médiale de la cuisse. En raison de son long parcours, le piégeage ou la lésion du nerf après une opération dans la région inférieure de l'abdomen est fréquent. Les patients des deux sexes, peuvent se plaindre de douleurs, de paresthésies et de sensations anormales dans le territoire d'innervation du nerf.
Le diagnostic de la neuropathie du nerf ilio-inguinal nécessite une anamnèse minutieuse, un examen physique, des études électrophysiologiques et un examen échographique. Le traitement de la neuropathie du nerf ilio-inguinal comprend des mesures conservatrices comme la prise d'analgésiques oraux, d'anticonvulsifs, la rééducation par courants électro-analgésiques et la libération myofasciale. Si les mesures conservatrices ne permettent pas de contrôler les symptômes, le bloc guidé par ultrasons, l'hydrodissection ou l'ablation par radiofréquence du nerf peuvent apporter un soulagement symptomatique satisfaisant. Les cas résistants peuvent nécessiter une neurectomie.
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Neuralgie ; nerf ilio-inguinal ; pli de l´aine ; libération myfasciale.

Syndrome myofascial douloureux et SARS-CoV-2

Patel J., Javed S. Myofascial pain syndrome and SARS-CoV-2: a case series. Pain Management 2022, 12(3):255-260.
Syndrome myofascial douloureux et SARS-CoV-2 : une série de cas.
Le SARS-CoV-2 provoquant le COVID-19, est un nouveau virus, qui a provoqué une pléthore de dysfonctionnements et de changements dans le corps humain. Parmi ceux-ci, selon une étude récente, 36 % concerneraient des symptômes douloureux tels que les myalgies et les arthralgies. En plus de ces symptômes, il a également été démontré que cette infection pouvait entraîner une faiblesse des membres inférieurs en raison d'une éventuelle sclérose ou hypoxie. L'objectif de cette série d'études de cas est d'analyser l'impact du coronavirus sur le développement d'un syndrome myofascial douloureux (SMD), chez les patients d'une clinique de la douleur qui ont développé un SMD entre mars 2020 et décembre 2020. L'examen de leur dossier a démontré que les patients qui avaient des antécédents de douleur chronique ont connu des épisodes d'exacerbation de la douleur, en relation avec la présence de points trigger myofasciaux, suite au diagnostic d'infection par le coronavirus. Les auteurs recherchent une corrélation entre le SMD et le SARS-CoV-2, chez les patients souffrant de douleurs chroniques. Les mécanismes pathologiques potentiels comprennent les dysfonctions musculaires hypoxiques induites par le coronavirus, ainsi que le stress psychologique traumatique provoquant une sensibilisation des récepteurs à la douleur et des variations de l'activité physique pendant la durée de la maladie.
Les trois personnes souffrant de douleurs chroniques incluses dans cette série de cas ont connu des épisodes d'aggravation de la douleur, plus spécifiquement dans les points focaux, suite au diagnostic de COVID-19. Lors des visites de suivi après la guérison du COVID-19, on a constaté que ces patients présentaient des changements dans la répartition de leur douleur. 
La nouvelle douleur se caractérisait par une hypersensibilité le long de bandes musculaires spécifiques, dont la compression provoquait la reproduction des symptômes et par une faiblesse ou des changements de compétences musculaires .
Après avoir obtenu les antécédents détaillés, les examens physiques et les évaluations complètes des laboratoires précédents, un diagnostic de syndrome myofascial douloureux (SMD) a été posé pour chaque patient.
Une fois le traitement approprié du SMD commencé, chaque patient a signalé une amélioration de la douleur d'au moins 25 %.
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Covid ; syndrome myofascial douloureux ; SMD.

Douleur pelvi-périnéale en 2021

 

Illustration Hans Moeller
Illustration Hans Møller
Riant T. Comprendre la douleur pelvi-périnéale chronique en 2021. Douleurs: Evaluation-Diagnostic-Traitement 2021, 22(2):75-93.

Les douleurs pelvi-périnéales chroniques sont fréquentes, invalidantes et méconnues. Elles sont le reflet de lésions parfois patentes mais souvent méconnues. Leur compréhension et donc leurs traitements imposent de connaître leur physiopathologie. Leur localisation particulière, leur innervation singulière induisent des présentations souvent protéiformes déconcertantes. Les spécialités impliquées sont nombreuses (urologie, gastro entérologie, psychologie, algologie, gynécologie, rhumatologie) et ont longtemps travaillé au sein de leur discipline, en envisageant les pathologies au travers de leur prisme particulier pour améliorer leur compréhension. Cet exposé tente de présenter la vision 2021, qui se veut plus holistique, pour une «simplexification» du concept de douleur pelvi-périnéale chronique. L'article traite successivement les différents tableaux cliniques, les grands syndromes fonctionnels, puis les outils thérapeutiques actuels.

ArtThema

Ajoutons que la douleur pelvi-périnéale chronique porte plusieurs noms. Elle peut être appelée prostatite par un urologue, coccygodynie par un rhumatologue ou syndrome de compression du nerf pudendal par un neurologue. D'autres noms sont utilisés pour décrire la même affection, notamment la douleur génitale chronique, la prostatodynie, la proctalgie fugace, la névralgie pudendale, la douleur anorectale essentielle, la douleur pelvienne idiopathique, le syndrome de la vessie douloureuse, le dysfonctionnement du plancher pelvien, la myalgie du plancher pelvien, le syndrome du muscle élévateur de l'anus ou le syndrome du piriforme... Trois spécialistes peuvent nous donner trois diagnostics différents.
Il existe une vieille parabole qui raconte que six aveugles sont tombés sur un éléphant. L'un d'eux a touché la patte de l'éléphant et a remarqué : "Oh, cette créature est comme un tronc d'arbre." Un autre palpait la trompe de l’éléphant et a dit : "Non, cette créature est un serpent. Un troisième a tiré la queue et a dit : "Ceci est une corde reliée à un arbre", et ainsi de suite pour les autres aveugles.
Tous les aveugles avaient raison et tous les aveugles avaient tort ; leurs réponses étaient incomplètes car ils avaient chacun accès à des informations limitées. De même, il y a un manque de communication entre les médecins de spécialités différentes; s'ils échangeaient entre eux, ils verraient qu'ils parlent souvent de la même condition.
Douleur pelvi-périnéale chronique ; plancher pelvien ; périnée.

Céphalées de tension


Photo d'Alex Green provenant de Pixels
Corum M. et al. The comparative effects of spinal manipulation, myofascial release and exercise in tension-type headache patients with neck pain: A randomized controlled trial. Complementary Therapies in Clinical Practice 2021, 43:101319
La comparaison des effets de la manipulation vertébrale, de la libération myofasciale et de l'exercice chez les patients souffrant de céphalées de tension et de douleurs cervicales : Un essai contrôlé randomisé
L'étude contrôlée randomisée compare l’efficacité de 2 méthodes de traitement appliquées pendant 8 séances : exercices associés à une manipulation cervicale haute ou exercices associés à une technique de libération myofasciale, chez des patients souffrant de céphalées de tension et de cervicalgies.
Le diagnostic de la céphalée de tension se base sur les critères de la classification de l'International Headache Society : localisation bilatérale, intensité modérée, oppression ou tension, absence de photophobie, de phonophobie, d'osmophobie, de nausées et de vomissements, ces éléments sont relevés au cours de l'anamnèse.
Il est par la suite, lors de l'examen clinique, fondamental, d'exclure toute cause grave telle qu'une fracture, une tumeur, une infection, une myélopathie, une sténose spinale, un spondylolisthésis...

Quarante-cinq patients, entre 19 et 48 ans, souffrant de céphalées de tension (épisodique ou chronique) et de cervicalgies subocciptales sont repartis en 3 groupes :
  1. manipulation plus exercices (groupe de manipulation)
  2. relâchement myofascial suboccipital plus exercices (groupe libération myofasciale)
  3. exercices seuls (groupe contrôle)
La fréquence des céphalées et l’intensité de la douleur ont été mesurées au départ, après le traitement et au troisième mois de suivi. Le seuil douloureux à la pression est évalué sur le muscle temporal.
Les exercices sont réalisés par le patient, au moins trois fois par semaine durant la durée du traitement. Le programme d'exercices, d'une durée de 20 à 30 minutes, comprend des exercices de mobilisation pour s'échauffer et au moment du retour au calme, des exercices d'étirement des muscles de la colonne cervicale et thoracique supérieure (les muscles trapèze, élévateur de la scapula, SCOM) et des exercices de renforcement (contraction isométrique et contraction concentrique des muscles fléchisseurs cervicaux profonds). Chaque exercice, composé de trois séries de cinq à dix répétitions, est effectué avec une période de repos de 30 à 60 secondes entre les séries.
Les auteurs concluent que le groupe manipulation présente de meilleurs résultats que le groupe libération myofasciale en termes de fréquence et d'intensité des céphalées et de scores du seuil douloureux à la pression. De plus, le groupe manipulation montre des améliorations significatives de tous les critères d'évaluation, alors que ce n'est pas le cas pour le groupe contrôle.

Selon cette étude, la manipulation associée aux exercices semble représenter une bonne option dans le traitement des céphalées de tension.Dans la céphalée de tension, appelée aussi céphalée musculaire ou Tension type headache (TTH), une composante de contracture musculaire peut souvent être mise en évidence.

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La céphalée de tension est la plus fréquente des céphalées primaires. La prévalence de la céphalée de tension épisodique est de près de 80%, celle de la céphalée de tension chronique de 3%. Les femmes sont légèrement plus concernées que les hommes et l´âge d´apparition de cette pathologie atteint son pic entre 35 et 40 ans (Scripter 2018).

Le tableau clinique de la céphalée de tension est constitué, la plupart du temps, d´une symptomatologie bilatérale accompagnée d´une sensation de pression ou de serrement en forme de casque ou de bandeau. Les situations de stress professionnel ou familial, de crispation ou d´anxiété augmentent en général les symptômes. Cette pathologie est souvent liée à la présence de points trigger dans plusieurs muscles de la nuque et/ou de la tête tels que les muscles trapèze supérieur, SCOM, suboccipitaux et temporal (Couppé et al. 2007, Alonso-Blanco et al. 2011, Arendt-Nielsen et al. 2016, Chatchawan et al. 2019, Cigaran-Mendez et al. 2019).

Andersen et al. (2015) analysent la littérature concernant le seuil de douleur à la pression (Pressure pain threshold - PPT) des muscles temporal, masséter et frontal dans différents groupes : une population mixte sans symptôme, une population mixte présentant des céphalées de tension et une population mixte souffrant de céphalées migraineuses. Le seuil de douleur à la pression est moins élevé chez les personnes souffrant de céphalées, chez les femmes moins que chez les hommes. Le muscle masséter est celui qui est le plus sensible à la palpation.

Palacios-Ceña et al. (2016a, 2017a) relèvent une relation directe entre la présence de points trigger actifs dans les muscles de la tête et de la nuque, chez des patients présentant des céphalées de tension, autant épisodiques que chroniques, et une douleur généralisée à la pression (Do et al. 2018).

Il existe une relation linéaire entre le nombre de points trigger myofasciaux et le degré de sensibilisation généralisée, aucune influence d´autres facteurs tels que la dépression ou l'anxiété n´est observée (Abboud et al. 2013).

Il est intéressant de noter qu´en cas de céphalée de tension, on n´observe pas de douleur pulsatile, ni de nausées, ni de vomissements, ni d´aura, ces symptômes sont propres à la migraine. La douleur est en général décrite comme légère à modérée, elle ne s´aggrave pas au cours de l´activité physique. Le patient peut par contre souffrir d´une légère intolérance à la lumière intense, aux bruits importants et/ou aux odeurs fortes.

La céphalée de tension épisodique, la plus fréquente, dure communément de quelques heures à quelques jours. La forme chronique, qui affecte 1 à 3% des adultes, dure minimum 4 heures par jour, au moins 15 jours par mois, pendant 3 mois consécutifs. Elle peut devenir quasi permanente et résulte probablement d´une augmentation de l´excitabilité du système nerveux central, provoquée par les afférences nociceptives continues des structures myofasciales (Ashina et al. 2005, Affaitati et al. 2020).

Les céphalées de tension épisodiques, ainsi que chroniques sont souvent associées à la présence de points trigger myofasciaux, elles sont fréquemment accompagnées d´une protraction de la tête, d´une augmentation du tonus des muscles de la nuque et d´une hypersensibilité des muscles épicrâniens (Fernández de las Peñas 2004, 2005a, 2006b, 2006c, 2006d, 2007a, 2007f, 2008b, Abboud et al. 2013).

Anttila et al. (2002) concluent, dans une étude réalisée sur un large échantillon d´enfants de 12 ans, que ceux qui se plaignent d´une céphalée migraineuse présentent souvent des douleurs de la région cervicale et de la ceinture scapulaire ainsi qu´une hypersensibilité des muscles épicrâniens et de la nuque à la palpation. Cette dernière est moins fréquente chez les enfants, qui souffrent d´une céphalée de tension.

Fernández de las Peñas et al. (2010d, 2010e, 2011a) constatent des restrictions de la mobilité cervicale chez des enfants souffrant de céphalées de tension chronique (Fernández-Mayoralas et al. 2010).

Bigal & Lipton (2007) proposent une approche du diagnostic différentiel, basée sur un algorithme. Le praticien y recherche avant tout les drapeaux rouges pour pouvoir exclure toute céphalée secondaire. L´étape suivante consiste à classer la céphalée, en se basant sur la localisation de la douleur, sur la durée et sur l´intensité de la symptomatologie (Tableau 1-1).

Chen et al. (2012) évoquent une série de facteurs psychologiques jouant un rôle dans les céphalées de tension chroniques : l´anxiété, la dépression, la nervosité, la démotivation, la labilité émotionnelle, le manque d´estime de soi, certaines phobies et une difficulté à canaliser sa colère et ses frustrations. Sommes-nous encore dans le changement tissulaire musculaire ou des mécanismes neurocentraux interviennent-ils ici aussi?

Les PTrM des muscles de la tête, de la nuque et de la ceinture scapulaire sont des sources de nociception, ils sont actuellement considérés comme des excitateurs potentiels du système nerveux central, ce qui peut expliquer :

  • une douleur généralisée à la palpation dans certains cas de céphalée de tension ;
  • un nombre plus élevé de points trigger dans les muscles de la tête, de la nuque et de la ceinture scapulaire en cas de céphalée de tension.

Une prise en charge précoce, qui inclut la désactivation les PTrM en cas de céphalée de tension, est considérée comme indispensable pour éviter l´installation de toute douleur chronique et généralisée (Fernández de las Peñas & Arendt-Nielsen 2017, Palacios-Ceña et al. 2016a, 2016b, 2017a, 2017b).


À consulter également

Fernández de las Peñas C. et al. Understanding the interaction between clinical, emotional and psychophysical outcomes underlying tension-type headache: a network analysis approach. Journal of Neurology 2022.

Céphalée ; céphalées de tension ; libération myofasciale ; manipulation vertébrale ; exercices.

Douleur référée pelvi-périnéale


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Torstensson T. et al. Referred pain patterns provoked on intra-pelvic structures among women with and without chronic pelvic pain: a descriptive study. PLoS One 2015, 10(3):E0119542-12 pages.
Schémas de douleurs référées provoquées au niveau des structures intra-pelviennes chez les femmes avec et sans douleurs pelviennes chroniques : une étude descriptive.
L'objectif de cette publication est de décrire les schémas de douleurs référées provoquées au niveau des structures intra-pelviennes chez les patientes souffrant de douleur pelvienne chronique (DPC) post-accouchement, dans le but d'améliorer le diagnostic et la prise en charge. Cette étude est descriptive et comparative, 36 femmes en post-partum, souffrant de douleur pelvienne chronique ont été recrutées à partir de la liste d'attente d'un service de physiothérapie et par des annonces dans les journaux. Un groupe témoin de 29 femmes en post-partum sans douleur pelvienne chronique ont été recrutées dans un cabinet de sages-femmes. Le critère d'inclusion pour la douleur pelvienne chronique était : la présence d'une douleur modérée dans la région sacrée persistant au moins six mois après l'accouchement, confirmée par des tests de provocation de la douleur pelvienne. Les critères d'exclusion dans les groupes avec et sans DPC étaient les suivants : douleurs dorsales ou pelviennes persistantes ayant débuté avant la grossesse, chirurgie antérieure du rachis et présence de signes neurologiques. La douleur a été provoquée par la palpation de 13 points de repère intra-pelviens prédéterminés. La douleur provoquée par la palpation des repères intra-pelviens postérieurs était principalement dirigée vers la région sacrée et la douleur provoquée par la palpation des os ischiatiques et pubiens était principalement dirigée vers les régions de l'aine et du pubis, avec ou sans douleur dirigée vers la jambe ipsilatérale. La surface moyenne de la douleur provoquée par la palpation des 13 repères anatomiques était de 30,3 mm² (19,2 à 53,7) chez les femmes présentant une DPC, contre 3,2 mm² (1,0 à 5,1) chez les femmes sans DPC, p< 0,0001. Les modèles de douleur référée provoquée par les points de repère intra-pelviens chez les femmes atteintes de douleur pelvienne chronique sont cohérents avec l'innervation sensitive sclérotique. La surface plus importante des territoires de douleur référée dans ce groupe indique une allodynie et une sensibilisation centrale. Les résultats de cette étude suggèrent que la cartographie de la douleur peut être utilisée pour évaluer la douleur chez les femmes atteintes de douleur pelvienne chronique et contribuer au diagnostic.
Douleur référée ; douleur chronique pelvienne ; sensibilisation centrale.

Fascias et Sports



Zügel M. et al. Fascial tissue research in sports medicine: from molecules to tissue adaptation, injury and diagnostics: consensus statement. Britisch Journal of Sports Medicine 2018, 52(23):1497-9 pages.
Recherche sur les tissus fasciaux en médecine sportive : des molécules à l'adaptation des tissus, aux blessures et aux diagnostics : déclaration de consensus.
Le système fascial constitue un continuum tridimensionnel de tissu conjonctif viscoélastique, notamment constitué de fibres de collagène, il imprègne le corps et permet à tous les systèmes corporels de fonctionner de manière intégrée. Les lésions du système fascial entraînent une perte de performance significative autant dans la pratique sportive récréative que dans celle de sports de haut niveau, et sembleraient jouer un rôle dans le développement et la chronicisation des troubles musculo-squelettiques, notamment dans les lombalgies. Les tissus fasciaux méritent une attention détaillée dans le domaine de la médecine sportive. Une meilleure compréhension de leur dynamique d'adaptation à la charge mécanique ainsi qu'aux conditions biochimiques promet des améliorations précieuses en termes de prévention des blessures, de performances sportives et de rééducation liée au sport. Cette déclaration de consensus reflète l'état des connaissances concernant le rôle des tissus fasciaux dans la discipline de la médecine du sport. Elle vise (1) à fournir une vue d'ensemble de l'état actuel des connaissances sur le système fascial, du microniveau (réponses moléculaires et cellulaires) au macroniveau (propriétés mécaniques), (2) à résumer les réponses du système fascial à une charge modifiée (exercice physique), aux blessures et autres défis physiologiques, y compris le vieillissement, (3) à décrire les méthodes disponibles pour étudier le système fascial, et (4) à mettre en évidence la vision contemporaine des interventions qui ciblent le tissu fascial dans le sport et la médecine de l'exercice. L'avancement dans ce domaine nécessitera un effort coordonné des chercheurs et des cliniciens combinant la mécanobiologie, la physiologie de l'exercice et des technologies d'évaluation améliorées.
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Tissus fasciaux ; fascias ; système fascial ; médecine du sport ; troubles musculo-squelettiques.

Syndrome Text-Neck

 

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David D. et al. Text Neck Syndrome in Children and Adolescents. International Journal of Environmental Research and Public Health 2021, 18(4):1565-14pages.
Syndrome du "cou du texto" chez des enfants et des adolescents.
Les douleurs cervicales sont un problème de santé répandu, qui touche principalement les patients adultes. Cependant, des données très récentes montrent que les nouvelles technologies induisent un déplacement de la prévalence de ce problème de l'âge adulte à tous les âges pédiatriques. L'utilisation précoce et inappropriée des ordinateurs personnels et surtout des téléphones portables pourrait être liée au développement d'un ensemble complexe de symptômes communément défini comme le syndrome du "cou du texto". L'objectif de cet article est d'analyser ce nouveau phénomène, les causes sous-jacentes et les facteurs de risque de douleurs musculo-squelettiques, qui peuvent être modifiés par des changements culturels  influençant les comportements quotidiens. Ces nouvelles habitudes de vie peuvent engendrer des contraintes accrues sur la colonne cervicale, qui peuvent entraîner une dégénérescence cervicale ainsi que d'autres complications médicales, psychologiques et sociales. Selon cette étude, un diagnostic et un traitement précoces semblent cruciaux pour optimiser la prise en charge de ce problème émergent dans le monde entier chez les enfants et les adolescents qui passent beaucoup de temps à utiliser des smartphones et/ou des ordinateurs.





Cou du texto ; enfants ; adolescents ; cervicalgies.


Douleur chronique pelvi-périnéale et mode de vie

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Gutke A. et al. Lifestyle and Chronic Pain in the Pelvis: State of the Art and Future Directions. Clinical Medicine 2021, 10(22):5397-28 pages.
Mode de vie et douleur chronique au niveau du bassin : état des lieux et orientations futures.
Tout au long de leur vie, de nombreuses femmes sont exposées à des douleurs pelviennes liées aux menstruations et/ou à la grossesse. Ces douleurs pelviennes sont souvent considérées comme normales, naturellement liées au fait d'être une femme et cela conduit à une offre thérapeutique insuffisante.
Néanmoins, la dysménorrhée (douleur pendant les menstruations) sévère, telle que celle observée dans l'endométriose et les douleurs de la ceinture pelvienne liées à la grossesse, ont un impact important sur les activités quotidiennes, la fréquentation scolaire et la capacité de travail. Tout contexte de douleur chronique, engendre un mode de vie malsain associé à l'intensité de la douleur, ces mauvaises habitudes représentent à leur tour un facteur de perpétuation de cette dernière. Ceci est particulièrement pertinent, étant donné qu'un faible niveau d'activité physique, un mauvais sommeil ou des périodes de stress sont des éléments communs aux périodes difficiles de la vie des femmes (pendant les menstruations, pendant la grossesse, en période post-partum). Cet article examine le rôle des facteurs liés au mode de vie sur la douleur pelvienne, et l'intérêt d'une intervention sur le mode de vie dans la prise en charge des douleurs pelviennes. Les preuves actuelles, confirment, dans une certaine mesure, les avantages de l'activité physique et de l'exercice chez les patientes concernées.
Les données disponibles sur les facteurs liés au mode de vie tels que le sommeil, le stress, l'alimentation et la consommation de tabac/alcool ne sont pas concluantes. Très peu d'études ont été réalisées, et celles publiées sont généralement de faible qualité.
Les interventions sur le mode de vie pourraient avoir, entre autres, des effets anti-inflammatoires, de réduction du stress et/ou d'amélioration du sommeil, cela pourrait influencer positivement l'expérience de la douleur. Des études portant sur le développement de stratégies de gestion visant à adapter le mode de vie des femmes souffrant de douleurs pelviennes, et prenant en compte le statut hormonal, les événements de la vie et le contexte, semblent nécessaires. Aux cliniciens, les auteurs suggèrent de tenir compte de cet aspect pour prévenir une transition potentielle de la douleur localisée ou périodique du bassin (par exemple, la dysménorrhée ou la douleur pendant la grossesse et après l'accouchement) vers une douleur chronique persistante, en promouvant un mode de vie sain et en appliquant une gestion appropriée de la douleur.

Douleur pelvienne chronique ; régime alimentaire ; endométriose ; facteurs liés au mode de vie ; gestion de la douleur ; douleur de la ceinture pelvienne ; activité physique et exercice ; sommeil ; tabagisme.